Reflexions du 9 juin 17
vendredi 9 juin 2017 at 18:47
Pourquoi faut - il qu'un grand malheur nous pousse à faire des choix que nous n'aurions jamais osé envisager ? Et qui pourtant traduisent nos vieux rêves.
Vivre notre retraite en pays touristique par excellence, pays aimé et connu mais assez secret pour n'avoir pas été totalement déchiffré. Pays de soleil et de plages et de ports. Pays de montagne, de sources, de troupeaux, de fraîcheur et d'estive.
Nous n'en avions pas les moyens, nous les avons encore moins actuellement. Et pourtant nous faisons face.
Bien sûr ce n'est ni Acapulco, ni la Rivièra, mais je suis certaine ces derniers mois, malgré toutes nos limitations, de m'être rendue sur la côte (plages et ports) plus souvent qu'au cours de mon enfance insulaire d'ailleurs.
Et à des périodes où je n'y mettrais jamais les pieds: hiver, printemps. Sauf aux temps bien lointains de nos vacances de printemps dans la région sacrée de mon mari: Léon, Molliets, le courant d'Huchet, pour les équinoxes.
A présent nous voilà deux retraités, comme tant d'autres (ou apparaissant tels) qui profitent du temps clément et de la nature. A quel prix? Celui qui n'est pas modique pour nous d'un loyer de studio en montagne, et celui qui est exorbitant:
La chronique d'une mort annoncée mais dont la date n'est pas fixée. Celui qui est exaltant: le défi de trouver le bonheur ensemble en nous soutenant, utilisant toutes nos ressources, connaissances, ingéniosités, en nous surpassant, en tenant envers et contre tout et tous.
Le défi de l'endurance et du dépouillement.
Mortels plus que jamais mais vivants et heureux de l'être alors que les soins prodigués à mes parents pendant 5 ans nous avaient lancés sans perspectives dans le tunnel de la mort pour une période très indéterminée. Pour vrai dire, nous n'avions pas où plus de projet, aucune dynamique. Juste un peu de désespérance dans ce milieu vieillissant de notre bourg rural intérieur, loin des cités, des montagnes, des effervescences, bourré de luttes intestines et souvent de mesquineries rétrogrades.
Comment n'avions-nous pas eu la force de nos arracher à cela? Ma maladie, mes médecins, le devoir filial, les responsabilités associatives, la maison dont nous sommes devenus propriétaires ? Un effet anesthésiant et paralysant, lobotomisant. L'espoir de voir revenir un jour de meilleurs jours? Avec le risque que nous soyons trop vieux, juste bons à l'hospice. Donc le risque d'être passés à côté de nos vies sous le prétexte de porter assistance à vieillards en danger.
Ici c'est à nous que nous portons assistance avec tout ce que la vie nous a appris. Nous réapprenons l'amour au quotidien, l'amour de couple, l'amour parental. Rien n'est facile ou acquis. Mais tout est possible si tout n'est pas permis.
Comme la vie peut changer d'un moment à l'autre! On se croit sur des rails mais la loco t'emporte en d'autres destinations. On te ceint de nouvelles ceintures et on t'amène là où tu ne voulais pas aller, mais qui, peut être, est le port de tes désirs.
Saturday 04 November 2017 à 23h06
par fleurdatlas
dans journal
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