Je savais que je n'étais que de passage en ce cher pays qui a vu les derniers jours de mon bien-aimé défunt.

De passage aussi dans la vie de mes petites-filles adorées.

Comme de passage sur cette terre, mais de cette dernière j'espère ne pas trop vite partir, ah mais!

 

Comme d'hab dès que je commence à m'habituer au bonheur et à la douceur, un ou plusieurs évènements viennent me rappeler à ma condition de périgrinante, de transhumante, d'impermanente.

 

Trois ans en un même lieu, même si ce n'est pas dans la même habitation, ça permet d'établir des liens, de choisir et pratiquer des activités à son goût, de commencer à apprécier autrui et en être apprécié.

 

- "Allez" me dit la vie, "encore un pied dans la fourmilière! Et tu continueras à me bénir, moi qui suis ton professeur!"

 

- "Aïe! Aïe!" que je crie "Ne vois-tu pas que je ne suis pas prête?"

- "Ah ah!" que fait la vie "tu n'as donc encore rien appris? Tu ne seras JAMAIS prête ma petite élève appliquée!"

 

Je n'étais pas prête à perdre mon mari, pas prête à voir mes petites partir du jour au lendemain, pas prête à trouver un autre amour improbable, pas prête à y renoncer après 4 mois d'incroyable bonheur, et je ne suis pas prête à redéménager pour regagner des pénates humides, froides et vides "au nord", et à me retrouver seule, courageuse mais une fois de plus brisée!

 

Ouais ouais, la vie m'a soufflé dans l'oreille que j'ai toujours été battante, et que le petit chat que je suis retombera toujours sur ses pattes, et que si je suis pas contente, j'avais qu'à me façonner une vie autre, pas être un chat errant, mais un chat à sa mémère, trônant sur les genoux d'une rombière qui m'aurait peigné longuement avant de me revêtir d'une adorable robe en liberty.

 

MAIS: Coupez les ailes de l'oiseau et il en meurt!

 

Je suis un chatoiseau. Et je retourne bientôt en mon chatôt.